La centralité comme stratégie
En géométrie, le centre est ce point parfait, immobile, où toutes les directions sont possibles. Bayrou, dans sa quête perpétuelle d’équilibre et de pouvoir, a érigé cette notion en art politique. Il s’est placé au cœur du plan politique pour mieux orienter ses vestes vers la droite ou la gauche, selon le vent dominant.
• Vers la droite : Soutien opportuniste à Jacques Chirac en 1995, trahissant son mentor Édouard Balladur. Bayrou prouve que, du centre, il est facile de tendre la main à droite tout en gardant un pied au milieu.
• Vers la gauche : En 2012, il soutient François Hollande, après avoir fustigé l’UMP et Nicolas Sarkozy. Un retournement de veste digne d’une rotation parfaite à 180 degrés dans le plan idéologique.
À ce propos, Simone Veil avait parfaitement résumé l’homme :
« Je connais tout son passé et ses trahisons successives. C’est une imposture, c’est pire que tout. »
Une observation implacable, qui éclaire sous une lumière crue les multiples pirouettes de celui qui, depuis toujours, cherche à rester au centre.
Du plan à l’espace : une géométrie en trois dimensions
Bayrou ne se limite pas au plan. Dans l’espace politique tridimensionnel, il excelle à adapter sa posture selon l’altitude.
• Vers le haut : Ministre sous plusieurs gouvernements, il grimpe les sommets politiques, toujours prêt à changer de direction pour ne pas tomber.
• Vers le bas : Lorsqu’il chute, comme lors de la débâcle de l’UDF ou des échecs présidentiels, il trouve toujours le moyen de se redresser, démontrant une résilience géométrique implacable.
Le retournement : une figure artistique
Bayrou fait du retournement une discipline politique. À l’envers ou à l’endroit, il jongle avec ses alliances et ses convictions. En cela, il incarne la veste réversible du paysage politique français.
• Le MoDem, miroir du centre absolu : Fondé pour incarner l’indépendance, le MoDem devient vite un outil d’alliance opportuniste, au gré des calculs électoraux.
• Une cohérence dans l’incohérence : Chaque revirement est justifié par un discours habile, donnant l’illusion d’une trajectoire rectiligne alors qu’il trace des ellipses idéologiques.
François Bayrou, l’anamorphose politique
En géométrie projective, une anamorphose est une image déformée qui, vue sous un angle précis, retrouve une forme cohérente. Bayrou est l’anamorphose vivante de la politique française : incohérent dans ses choix successifs, mais parfaitement logique lorsqu’on comprend son principe directeur – rester au centre pour mieux pivoter.
Conclusion : Le centre, trône de l’opportunisme
Dans le plan comme dans l’espace, le centre est la position idéale pour retourner sa veste à droite ou à gauche, en haut ou en bas, à l’envers ou à l’endroit. François Bayrou, le géomètre en chef, illustre avec brio cette vérité universelle. En maître des angles et des rotations, il nous rappelle que dans l’arène politique, le véritable pouvoir n’est pas dans l’engagement, mais dans la capacité à tourner sans jamais tomber.
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